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Les Accidents Nucléaires de l'URSS !

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L'histoire du Nucléaire de l'URSS a été parsemée de nombreux accidents qui ont été cachés et qui ont contaminé de nombreuses régions !



 

60 ans après, Maïak (au nord de Tcheliabinsk) se rappelle tristement à nous !
Les faits sont tenaces. 

Ces dernières semaines, l’Europe s’est inquiétée d’une pollution nucléaire qui l’a traversée. 
 Le 11 novembre elle a bien été détectée, c’était bien une pollution venue de l’Oural selon les premières constatations. Les produits radio-actifs détectés étant essentiellement du ruthénium 106, on pensait alors comme origine une centrale nucléaire, avec un incident remontant vers fin septembre dernier. 
Il faudra attendre le 21 novembre pour que la Russie reconnaisse que cela vienne bien de chez elle, en citant la station de détection d’Arguaïach, un village situé à 30 kilomètres du complexe nucléaire Maïak comme source principale de radioactivité, l’endroit où cela a été détecté au plus fort des émissions (1). 
 Maïak ? 
Voilà un nom qui ne m’est pas inconnu : il y a sept ans j’avais décrit ce qui s’était passé là-bas : un Tchernobyl d’avant l’heure, tout simplement, qui émet donc toujours ses radiations !!! 
Les russes n’ont toujours pas maîtrisé la catastrophe… 
50 ans après, car ça s’est produit le 29 septembre 1957, est cela fut une des pires catastrophes nucléaires, minimisée par le pouvoir au point de n’avoir été connue que des décennies après. 
Retour sur ce qu’on a aussi appelé la catastrophe de Kychtym (ou Rosatom)... et qui continue à faire des siennes, visiblement ! 
Car le nucléaire, c’est tout simplement l’absence d’assurance comme quoi tout va obligatoirement bien se passer !!! 
Et quand ça déconne, c’est pour…des siècles ! 
Quand va-t-on donc en prendre conscience ? 


 



Pouvait-on faire pire qu’à Semiplatinsk (ceci était une référence à la précédente catastrophe nucléaire soviétique, l’échec d’un tir de bombe souterraine qui avait irradié toute une région) ? 
Oui, et de manière encore plus monstrueuse. Par un accident monumental, ignoré des médias pendant plus de 30 ans. 
Une excursion accidentelle dans l’atmosphère de doses bien plus supérieures à celles enregistrées à Tchernobyl, et qui, 60 ans après, continuent à mettre les compteurs Geiger dans le rouge. 
En 1957, l’URSS de l’époque a connu son Tchernobyl avant l’heure, mais le monde n’en a rien su. 
Sept jours plus tard, le lancement de Spoutnik venait à propos pour masquer le désastre : la presse célébrait ce jour là une technologie maîtrisée, celle de l’espace, sans savoir que celle de l’atome était défaillante. 


 




Les soviétiques firent évacuer le secteur sur plus de 1000 km2, scrappèrent les sols, tuèrent les animaux et déportèrent les personnes pour tenter d’effacer le plus grand accident nucléaire jamais produit. 
Mais le monde n’a pas été mis au courant : on ne l’apprendra qu’après la catastrophe de Tchernobyl ! 
On comprend alors pourquoi, à la lecture des effarants dégâts, l’atome a autant besoin du secret. Sinon, ce serait provoquer un irrémédiable dégoût dans la population. 
 Les habitants de Tcheliabinsk (là où un météore était tombé dans un lac en 2013) et Seversk, tous sacrifiés, en savent quelque chose. 

 



En 1993, autre événement : les photos ramenées de satellite du centre de Tomsk-7, près de Seversk (on parle aujourd’hui de Seversk seule, pour tenter d’oublier le site maudit), en Sibérie cette fois, vont pas mal intriguer les américains (le cliché est ici à droite). 
La ville et le complexe nucléaire n’existent pas officiellement. 
Ce jour-là, on y voit un peu trop de mouvements autour de la centrale de ce qui est un centre de retraitements de déchets, qui est surveillée de près par la CIA : "pour mieux comprendre ce qu’il s’y passe, il faut faire le tour de ce gigantesque complexe, dont la création remonte à 1954. Situé à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de la ville de Tomsk, le « combinat chimique sibérien » (Sibkhimkombinat) de Tomsk-7, entouré d’une double rangée de barbelés, s’étend sur plus de 20 000 hectares (ici à gauche)."


 



Il possède sa propre ville, Seversk, secrète également puisqu’elle ne figure sur aucune carte. 
 Là sont logés les ingénieurs, les techniciens, les ouvriers et leurs familles, 107 000 personnes en tout. 
Tomsk-7 regroupe toutes sortes d’installations liées principalement à la fabrication de la bombe. 
Des réacteurs plutonigènes, une usine de retraitement des combustibles usés, des ateliers pour manipuler le plutonium, le purifier et fabriquer des coeurs nucléaires destinés aux armes. 


 



Et, bien sûr, des installations de stockage pour les matières fissiles (plutonium et uranium) et les montagnes de déchets qui ont été produits en une trentaine d’années. 
En tout, 127 000 tonnes de déchets solides radioactifs, et environ 33 millions de m3 de liquides. 
Il y a également une usine d’enrichissement, où la France a l’habitude d’envoyer depuis 1974 l’uranium recyclé qui sort de l’usine de La Hague. 
C’était notamment le lieu de destination des fûts d’hexafluorure d’uranium qui ont coulé avec le Mont-Louis en 1984 (2) ». 
Les stockages, à Tomsk-7, sont quasiment à ciel ouvert…. 


 



Que s’est-il passé ce 6 avril 1993 à Tomsk-7 ? 
Un accident grave, très grave en fait : « à 12 h 58, ce jour-là, dans l’atelier 15, une réaction chimique s’est emballée dans une cuve d’acier de 35 m3 contenant des matières radioactives ; un mélange principalement composé d’uranium, de plutonium et d’acide nitrique, 25 m3 en tout. 
Les autorités russes qui ont donné l’information ont précisé que l’atelier fait partie de l’usine de retraitement qui reçoit les combustibles irradiés des réacteurs nucléaires militaires pour en extraire l’uranium 235 et le plutonium 239, matières fissiles dont sont faits les cœurs des armes nucléaires »… par la cheminée principale vont sortir des gaz radioactifs qui vont s’ajouter à l’environnement déjà bien atteint : 



 



« Toute la région, en fait, est contaminée par les rejets des différentes installations de Tomsk-7, qui sont déversés sans précautions. 
Certains ont même été injectés directement dans le sous-sol ! 
 Il y en a aussi dans des réservoirs à ciel ouvert. 
Pas étonnant qu’à plus de 2 km des réacteurs, on trouvait déjà avant l’accident des taux d’irradiation faramineux : 300 microrads/heure dans l’air et 400 microrads/heure dans l’eau du canal, au lieu de 10 à 20 microrads/heure – taux naturel à l’extérieur de cette région. 
Tout le gibier est contaminé et contamine à son tour les chasseurs. 
Ainsi. en 1990, 38 personnes se sont révélées avoir dans le corps des niveaux de substances radioactives plus élevés que la norme autorisée ; sept d’entre elles durent d’ailleurs être hospitalisées ». 





Le nuage radioactif sorti de Tomsk-7 du 6 avril 93 est allé bien plus loin que cela : dans la semaine du 12 au 19 avril, il passera même au dessus de la Suède ! 
 Les autorités russes vont tout d’abord le nier, puis annoncer que c’est moins grave que Tchernobyl, il n’empêche. 
On restera dans le flou, avec quelques bribes d’informations rassurantes. 
« Autre certitude : le nuage toxique dont l’existence a d’abord été niée avant d’être minimisée existe bel et bien. 
Après avoir suivi la rivière Ob, il se dirige très lentement vers le Grand Nord sibérien et le fleuve Iénissei. 
Il mesure une vingtaine de kilomètres de long sur neuf kilomètres de large. 
Il contient de nombreux éléments radioactifs et du plutonium ». 




 

Les autorités russes, après Tchernobyl, donc, vont mentir effrontément en minimisant au maximum : « des volontaires, près d’un millier, ont immédiatement été affectés à la décontamination de la zone, couverte de neige, la plus touchée par les rejets radioactifs. 
Une zone qui couvrirait une quarantaine de kilomètres carrés. 



 



Des hélicoptères dont les pilotes, comme à Tchernobyl, n’ont pas été prévenus des dangers encourus suivent la progression du nuage et sa concentration en éléments radioactifs. 
 En raison d’une très forte contamination et de la présence de poussières de plutonium, l’accès au bâtiment où s’est produite l’explosion resterait impossible ». 
On sait ce qu’il est advenu des pauvres pilotes d’hélicos de Tchernobyl : ils sont tous morts de cancer. 
Les russes vont pourtant en encore une fois complètement étouffer l’accident. 
« Au mépris de toute vraisemblance, les autorités locales ont affirmé vendredi soir que « tout danger avait disparu pour la population » et que « les capteurs de la région ne signalaient aucune radioactivité particulière hors du site touché ». 
Un constat qui ne rassure personne. 
 Tous les spécialistes savent que, depuis au moins deux ans, le réseau d’alerte et de mesure installé dans la région est hors d’usage et que les appareils de transmission sont tour à tour tombés en panne, faute d’entretien et de réparations. » Soixante ans après, le communiqué sonne encore plus faux… 


 



« Encore une fois » disais-je, car on n’en a pas fini avec les révélations : la catastrophe du complexe Maïak, au nord de Tcheliabinsk est pire encore, car là on y a caché pendant trois décennies une catastrophe bien plus grave encore. 
Sur le site de Maïak, le 27 septembre 1957, voilà ce qui s’était passe exactement : une cuve de déchets encore actifs, montés en température sans contrôle, avait fait sauter son couvercle de béton de 2,5m d’épaisseur et l’avait projeté à 25 m de là. 
« La radioactivité alors dispersée a été estimée à 5 millions de curies de 90Sr (cet isotope 90 du strontium, de période 28 ans, qui se comporte dans l’organisme comme le calcium, peut être fixé dans les os par la voie de la chaîne alimentaire), ce qui représente 50% de la radioactivité total. »

  


Personne n’en a rien su avant 1987, trente ans après seulement ! 
Or ce fut un désastre équivalent à Tchernobyl, un rapport d’expert de 1993 annonçant des chiffres faramineux de contamination : « de ces vingt trois pages de rapport se dégage une image effarante, cumulant les effets de l’explosion de 1957 affectant, comme à Tomsk, des réservoirs d’effluents liquides hautement radioactifs et du déversement permanent, à ciel ouvert, de centaines de milliers de tonnes de déchets solides et liquides. 
Les déversements se poursuivent actuellement. 
A tel point qu’il est impossible de rester plus de quelques minutes au bord du lac Karatchaï sans courir des risques mortels. 
Ce lac contient 120 millions de curies d’éléments radioactifs, soit deux fois plus que ce qui a été rejeté par l’accident de Tchernobyl… 
Quand les eaux baissent, les vents transportent au loin les poussières radioactives desséchées qui contiennent du césium 137 et du strontium 90. 
 Une partie de ces poussières se dépose dans une zone déjà contaminée, estimée à 25 000 kilomètres carrés, tandis que le reste monte en altitude avant de se déposer ailleurs dans le monde, essentiellement en Europe occidentale, particulièrement dans les pays scandinaves. 
Près de 500 000 personnes, explique le rapport, ont été exposées à un taux d’irradiation élevé parmi lesquelles seules 18 000 ont été déplacées vers de nouvelles résidences. » 
Un demi-million de personnes a été exposé sur place ! 


 


En 1957, sans qu’on le sache, donc, les soviétiques avaient déjà dû en effet prendre des mesures drastiques à Tcheliabinsk. 
« Les Soviétiques ont décidé d’évacuer une zone de 1.000 kilomètres carrés où vivaient dix mille habitants et où régnait une activité égale ou supérieure à 2 Ci/km2 de 90Sr au sol (74.000 Bq/m2). 
La région a été interdite et désertifiée : habitants évacués sans le moindre bagage, villages rasés, bétail abattu et enterré sur place. 



 



Au total, pour les deux zones de Tcheliabinsk et Ekaterinbourg, la culture a été interdite sur plus de 100 000 hectares et n’a repris actuellement (au moins officiellement) que pour environ la moitié des terres cultivables réhabilitées. 
Dans la population, on estime à deux cent cinquante mille le nombre des personnes qui ont été exposées à une dose anormalement élevée, non seulement à cause de l’accident de 1957 mais du simple fait du fonctionnement « normal » du complexe de Maïak à proximité duquel elles vivaient. » 
Le bilan de la folie et de l’incurie soviétique est très très lourd : « Vingt-huit mille personnes ont été particulièrement exposées et auraient reçu en une dizaine d’années une dose d’environ 200 millisieverts (20 rems).


  


La dose efficace reçue par les habitants d’un des derniers villages évacués, Metlino, sur la rivière Tetcha, a été évaluée à 1,7 Sv, dose à laquelle apparaissent des troubles de santé très sérieux ». 
Le bilan est effroyable en comparaison même du plus grave incident nucléaire connu à ce jour. 
Un reportage affolant de Journeyman Pictures de 2008 le montrait bien mais il ne semble plus disponible sur le net. 
Selon lui, les gens du crû ont touché une compensation pour l’irradiation, mais ne l’avaient plus s’ils quittaient l’endroit. 
Résultat : tout le monde est resté sur place, sur les sols contaminés, à manger ce qui l’était également. 
A égrener leur morts de cancers, dont beaucoup de leurs enfants. 


 



Pendant que le Spoutnik tournait autour de la Terre, on n’entendait pas le compteur Geiger, sans doute, dans les médias. 
« La menace pour l’environnement a été estimée par les experts à plus de dix fois celle des rejets de Tchernobyl »... ici, le reportage de « The Most Contaminated Spot on the Planet (1996) ». 
Et ici un autre, The Soviet Union’s Secret Nuclear Disaster, tout aussi gênant pour les autorités russes. 
Et ici celui de la BBC, de la série Trans-Siberian (Story 2) :
qui semble plus récent (2014 ?). Ici encore un autre… 

Tous racontent la même chose : l’omerta des autorités sur les décès et le taux de radiation élevé existant encore dans toute la région. 
L’eau, notamment, demeurant largement contaminée. 



 



Aujourd’hui, c’est la gestion cinquante ans après des déchets de cette catastrophe qui nous est revenu à la figure. 
Je m’étonne beaucoup que la presse n’ait pas assez insisté, à mes yeux, sur ces entrepôts presque à ciel ouvert (on tente de recouvrir le site de murs de béton, depuis) comme source de ce rayonnement dangereux. 
Que la Russie en revanche mette autant de temps à le reconnaître n’est pas une surprise. 
Elle n’a jamais communiqué en temps réel sur ce genre de problème, et ce n’est pas aujourd’hui qu’elle va commencer à reconnaître que sa gestion des déchets nucléaires ou des vestiges de ses sous-marin est tout sauf rigoureuse… d’ailleurs, elle vient de démentir les faits (1).
(1) pour démentir en effet le 21 novembre qu’aucune de ses usines atomiques n’était en cause... l’omerta russe continue ! 

Poutine ne reconnaîtra jamais qu’il n’a rien fait en la matière, dans la droite ligne de ses prédécesseurs.

 


(2) le Mont-Louis est un bateau contenant des déchets nucléaires (48 fûts de 450 tonnes d’hexafluorure d’uranium) qui a coulé au large d’Ostende le 25 août 1984. 

 


Le bateau est le sister-ship du Borodine, bateau faisant le trajet vers Riga. Tous les conteneurs seront remontés.

Nota : en dehors des essais de bombes atomiques ou d’accidents de sous-marins, d’autres accidents par pure négligence eurent lieu, l’un des plus graves se tenant au centre d’Arzamas-16, le 18 juin 1997 (aujourd’hui converti en musée). 

A l’époque, Arzamas-16 (ainsi que Tomsk-7) est l’objet d’une étroite surveillance des avions U-2, mais les américains ne vont rien y déceler. 
Ce jour là un technicien seul eût l’idée saugrenue de tenter une expérience déjà réalisée en 1972 avec une sphère d’uranium hautement enrichi (90%), entourée par un réflecteur sphérique en cuivre.


  


Cette fois-là, il avait utilisé un réflecteur beaucoup plus grand, et n’avait pas suivi tous les documents appropriés sur l’expérimentation, visiblement. 
En assemblant l’hémisphère de cuivre, ce dernier était tombé sur celui déjà assemblé et avait produit un ensemble supercritique et automatiquement un flash de lumière, le scientifique quittant alors la salle comme il le pouvait. 
Le noyau d’uranium atteindra une température de 865 °C avant que les robots envoyés ne tentent d’enrayer le processus le lendemain seulement. 
Le 20 Juin, 66 heures après l’accident, l’expérimentateur imprudent mourrait, irradié dans des proportions phénoménales (il avait reçu 4850 rem). 
Personne n’avait pu expliquer comment un homme seul avait pu tenter pareille expérience : les procédures de sécurité étaient quasi inexistantes en réalité dans le secteur où il travaillait. 
 D’autres expérimentations se seraient continuées après, au même endroit malgré les traités internationaux… pour les empêcher.
Un résumé du désastre : 



https://www.youtube.com/watch?v=P301zvmcydg


on notera que pour ne pas avoir à en parler, les autorités russes ont transformé la région en réserve biologique. Très adroit en effet !
ici un reportage italien : 

 

https://www.youtube.com/watch?v=EA3NIUoERC0


Le journal citoyen est une tribune. 
Les opinions qu’on y retrouve sont propres à leurs auteurs.
 

Source :
http://www.centpapiers.com/60-ans-apres-maiak-au-nord-de-tcheliabinsk-se-rappelle-tristement-a-nous/
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