"En Marche" avec l’Uber-chauffeur Macron !
Toutes les dictatures sont "conduites" par un guide suprême !
Le Duce Benito Mussolini, le Führer Adolf Hitler ou le Conducător Nicolae Ceaucescu, ce sont au sens premier des conducteurs, bref des chauffeurs.
"Führer" vient du verbe allemand "fahren" qui veut dire conduire.
"Duce" vient du mot latin dux, qui signifie conducteur.
Pas besoin de traduction pour le "conducator" Ceaucescu.
Le dictateur est celui qui guide le peuple, dans une dynamique de mouvement.
Un "mouvement" tellement présent dans le parti "En Marche" d’Emmanuel Macron qu’on ne peut qu’en conclure qu’il est lui-même le conducteur de ce "mouvement" et qu’il se propose d’être lui-même le "chauffeur" de la France.
Est-ce un hasard alors si "la France en Marche"était le slogan du gouvernement de Pétain ?
Il se situait exactement dans la logique du "Führer" et du "Duce", puisque si la France était en marche, Pétain était forcément celui qui conduisait cette marche, le "conducator"à la française.
Quand on tente de nous imposer le vote Macron comme un barrage contre le fascisme, on commence à se demander si le Front national n’est pas l’ennemi apparent, le véritable ennemi avançant masqué.
Cette obsession pour le mouvement rappelle d’ailleurs étrangement l’injonction omniprésente de la "mobilité" dans le catéchisme managérial.
Si vous n’avez pas de travail c’est parce que vous n’êtes pas assez mobile.
Personne ne veut être "mobile".
La mobilité permanente, comme fin en soi, c’est l’affaiblissement ou la destruction des liens, des structures, de la famille, des amis, des repères, pour que in fine, l’homme/femme sans lien et sans repère soit totalement soumis au "mouvement" qu’on va lui imprimer.
Dès lors, on peut s’inquiéter à juste titre du nom "En Marche" du parti politique d’Emmanuel Macron.
En marche vers quoi exactement ?
Quel est le sens de ce "mouvement" politique ?
Peut-être vaut-il mieux que nous ne le sachions pas.
Cette marche, comme la "mobilité", n’a pas d’autre but qu’elle-même, tourner sur place pour étourdir les gens et les rendre plus aisément manipulables, tout en rejetant sur eux leur incapacité à trouver une place dans la société.
Attali dit que dans la société idéale ubérisée "pour ceux qui n’ont pas de talent ce sera plus difficile".
Si vous êtes au chômage, ce n’est pas parce que votre usine a été délocalisée en Chine, c’est tout simplement parce que vous manquez de talent.
C’est la mobilité des gobelets dans le bonneteau financier, le mouvement des travailleurs dans le jeu des chaises musicales.
L’Uber-chauffeur est le modèle macronien de l’homme nouveau !
Mais on touche le sublime lorsqu’on en arrive à l’éloge de l’homme "ubérisé".
Si l’on reprend notre métaphore du dictateur comme "conducteur", du peuple, comment ne pas prendre acte du fait que l’emblème de la révolution macronienne est le "chauffeur" Uber ?
"L’Ubérisation" de la France est sur toutes les lèvres.
Attali le dit explicitement : "je pense qu’on va vers une ubérisation générale du travail qui n’est pas une mauvaise chose en soi".
Si l’ubérisation de la France est "en marche", alors Macron devient métaphoriquement le chauffeur Uber, l’Uber-chauffeur de la France !
Tout ce corpus est tellement riche de symboles, que c’en est même trop.
Ce n’est plus une métaphore filée, c’est un feu d’artifice, c’est notre avenir qui s’écrit en lettres de feu dans cette ubérisation des esprits.
Le chauffeur de taxi est le prototype idéal de l’homme ubérisé.
Par une incroyable conjonction du sens, le chauffeur de taxi est évidemment "mobile".
"Automobile", même si l’on peut se permettre un jeu de mot, comme Macron qui n’hésite pas à dire que la société Uber "offre des perspectives de mobilité"à ses chauffeurs de taxi.
Il s’agit également en l’occurrence de mobilité sociale, mais quelle perspective de mobilité sociale peut bien offrir un travail de semi-esclave sous-payé ?
Assurément aucune, à part l’envie d’en sortir très vite.
Macron se paye de mots.
Aucune importance, qui a relevé ces paroles ?
Comme tous les vrais dictateurs, Macron annonce ce qu’il va faire et il va le faire.
"über" signifie "au-dessus de" en Allemand.
Le modèle de l’homme nouveau hitlérien, celui que les dictatures les plus ambitieuses ont toujours cherché à créer, s’appelait l’Ubermensch, littéralement, le surhomme.
"J’ai vu l’homme nouveau et j’ai eu peur" a pu ainsi déclarer Hitler dans l’un de ses discours.
Le slogan de l’Allemagne hitlérienne était "Deutschland über alles".
Un vocable décidément très connoté, même s’il s’agit d’un mot courant en Allemand.
Depuis que l’on parle de cette société Uber, je m’étonne toujours d’une part que des dirigeants aient osé donner un nom pareil à leur société, connaissant les antécédents, et d’autre part que personne n’ait jamais fait le lien entre une société qui crée un modèle de chauffeur esclave et un mot dont le souvenir en France est directement lié au nazisme. Cela va au-delà d’une erreur de marketing.
C’est un modèle de société qui voit le jour, un modèle revendiqué en filigrane, volontairement ou de façon inconsciente.
On peut d’ailleurs remarquer au passage que ce mot "société" désigne aussi bien une société à but lucratif, comme Uber, que la structure civile dans laquelle nous vivons, "la société".
Uber est donc le modèle futur de la société.
C’est un modèle commercial.
Puisque l’on parle beaucoup du fascisme en ce moment, rappelons que la vraie nature du fascisme, comme il a été instauré en Italie, mais aussi en Espagne ou en Amérique du Sud, est l’alliance de l’état et des puissances financières et industrielles, contre les citoyens.
Le fascisme interdit ou corrompt les syndicats, réprime les grévistes, supprime le droit du travail et capte tout l’argent disponible à son profit.
En se focalisant sur les aspects purement répressifs, on perd de vue que la violence n’est qu’un moyen au service de l’asservissement du peuple.
Le travail forcé, l’esclavage par la dette, l’ubérisation sont des méthodes fascistes.
Toute la subtilité vient du fait qu’il n’est plus nécessaire de recourir à la schlague pour faire travailler le populo.
En actionnant depuis 40 ans les leviers de la dette, en dérégulant le marché du travail, en délocalisant les usines, en important massivement des travailleurs immigrés, l’ingénierie sociale a "conduit" les Français à s’auto-fasciser, se mettant eux-mêmes en situation de demandeurs pour des travaux ingrats et sous-payés.
Un rêve néo-libéral, un rêve fasciste prend forme.
Macron nous dit lui-même de l’homme ubérisé que "la rémunération ne suit pas toujours, mais il a accès à l’activité économique".
De quoi parle-t-on ici ?
Prenons acte tout d’abord de l’extraordinaire inversion des objectifs et des moyens : l’activité économique, c’est-à-dire le travail, nous est présenté dans cette citation comme le but essentiel.
Il "a accès"à l’activité économique, comme si c’était un droit essentiel, au même titre qu’on "a accès"à l’éducation, ou à l’eau courante, mais un accès décorrélé d’un quelconque salaire.
La rémunération, qui est pourtant le but essentiel du travail, et bien souvent le seul, nous est présentée ici comme accessoire, elle ne "suit pas toujours".
C’est-à-dire qu’on peut à la limite travailler gratuitement, ou pour une rémunération symbolique, comme les contrats à 1€ de l’heure pour les migrants en Allemagne, l’essentiel étant pour Macron "d’avoir accès à l’activité économique".
Évidemment, dans une situation provisoire, il est toujours préférable d’avoir un travail mal payé que pas de travail du tout, mais l’ubérisation du monde ne permettra jamais que les choses s’améliorent, bien au contraire.
Comme la "mondialisation heureuse" d’Alain Minc, autre mentor de Macron, l’ubérisation heureuse ne verra jamais le jour.
Il faudra au contraire accepter toujours plus de précarité, pour des salaires toujours plus faibles.
Faute de sortir de l’euro et de l’union européenne, la seule voie économique que suivent nos dirigeants est la baisse massive des revenus des Français.
Voilà le programme réel de Monsieur Macron et consorts.
Préparez-vous à être ubérisé.
Par Christophe Certain(son site ici)
Source :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/