Refroidissement de l'atlantique nord : quel impact pour l'Europe ?
Dans un contexte planétaire globalement chaud cette année 2015, une bulle d’eau froide dans l’Atlantique Nord intrigue la communauté scientifique : cette eau anormalement froide, tenace au sud du Groenland, aurait le potentiel de ralentir le Gulf Stream et d’impacter les conditions climatiques des prochaines années.
Selon les données compilées par la "National Oceanic and Atmospheric Administration" (NOAA), les eaux de surface de l’Atlantique nord sont restées anormalement froides depuis 3 ans, avec une anomalie "record" en cette année 2015.
La zone froide, que les climatologues qualifient de "blob" (masse) s’étend au sud du Groenland, du Labrador (Est du Canada) à l’Islande et aux côtes norvégiennes.
Cette anomalie serait responsable de l’été le plus froid de ces 30 dernières années subi par l’Islande, une partie de la Scandinavie ainsi que les îles britanniques.
La raison de la présence de cette poche d’eau froide et moins salée est censée être provoquée par la fonte des glaces du Groenland, qui évacue de l'eau fraîche dans l'Atlantique Nord.
Il s’agirait d’un effet à retardement après les années de fonte record entre 2007 et 2011, car ces récentes années, la fonte estivale des glaciers du Groenland a bien ralenti, avec la reprise d’une expansion notable de la banquise cette année.
Ralentissement du Gulf Stream !
Cet apport d’eau froide pourrait déséquilibrer le climat de cette partie de l’hémisphère nord, avec des répercussions inconnues pour l’instant.
Selon une étude publiée récemment par l’université de Southampton (UK), le Gulf Stream, ce courant marin chaud qui remonte le long de la côte Est des Etats-Unis et qui se dirige vers l’Europe de l’ouest, pourrait être freiné et repoussé vers le sud : son effet modérateur du climat de l’est américain et de l’ouest européen serait alors atténué très rapidement.
On parlerait "d’effondrement" de la circulation de l’Atlantique Nord ("AMOC").
Refroidissement climatique ?
En supposant que cette anomalie froid des eaux de l’Atlantique nord se poursuive, la modification du climat pourrait être rapide même si les glaces arctiques ne fondent plus (effet de rétroaction).
Un refroidissement climatique du Québec et de l’Europe de l’ouest pourrait se mettre en place rapidement ces prochaines années, de telle sorte que les scientifiques responsables de cette étude ont comparé ce phénomène au scénario du film "le Jour d’Après" : dans le film de 2004, l’arrêt brutal du Gulf Stream a provoqué une glaciation d’une rapidité ridicule, mais dont le principe ne serait pas totalement impossible sur quelques années.
En utilisant le modèle climatique ECHAM allemand de l'Institut Max-Planck à Hambourg, le rofesseur Sybren Drijfhout a démontré que dans le cas de l’arrêt du Gulf Stream, le refroidissement de l’Europe puis de tout l’hémisphère nord s’effectuerait en quelques années.
Ce refroidissement durerai une vingtaine d’années avant la reprise du réchauffement climatique contemporain, mais les températures planétaires resteraient alors quand même inférieures de 0,8°C par rapport à notre époque.
Ainsi, la Terre se remettrait du refroidissement provoqué par l’effondrement de la circulation de l’Atlantique Nord (AMOC) en 40 ans, mais certaines zones de l’Atlantique Nord, y compris les îles britanniques, pourraient mettre un siècle avant d’observer un retour aux températures actuelles.
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